A la rencontre de Viviane TREFFE, psychologue, consultante RH au sein du cabinet PROEVOLUTION pour nous parler du stress et de comment le gérer dans la période de retour au travail qui arrive.
L’impact du COVID19 et autres dangers sur le stress des salariés ?
Le contexte de la pandémie du coronavirus COVID19 est une bonne occasion pour en parler. En effet, dans un tel contexte, de nombreuses personnes vivront des réactions de stress, d’anxiété et de déprime.
La quarantaine, l’auto-isolement, le contexte économique, l’incertitude, le flot d’informations, peuvent susciter un large éventail d’émotions comme la peur, la colère, la tristesse, l’irritabilité, la culpabilité et la confusion …
La peur. C’est une émotion qui naît lorsque nous sommes confrontés à un danger immédiat (le coronavirus en est un). Tant que la peur reste modérée et ponctuelle, tout va bien. Mais, dans le cas présent, elle est d’intensité inhabituelle car elle se compose des trois peurs les plus fortes chez l’être humain :
- la peur de la mort (le virus tue),
- la peur de l’avenir pour ses enfants (quel sera le monde d’après),
- la peur économique (perdre son emploi, ne plus pouvoir subvenir à nos besoins ou tout simplement devoir abandonner des projets personnels).
Et, de plus, elle se prolonge dans le temps. Résultat : les réactions physiologiques normales peuvent devenir source de pathologies.
Toutes ces manifestations reliées au stress, sont normales et la plupart des gens possèdent les ressources et les facultés pour s’adapter à ce type de situation. Elles le feront d’autant mieux si elles arrivent à décrypter ce qui se passe en elles et trouvent comment y faire face.
C’est là que vous pouvez être accompagné dans votre entreprise pour aider vos managers et collaborateurs à gérer le stress particulier de cette période inédite de notre histoire !
Que nous dit notre retour d’expérience sur ce registre ? Il nous dit que nous n’avons pas attendu cette crise (et les entreprises non plus), pour mettre en place des programmes d’accompagnement des salariés sur la gestion du stress. Mais ce qui est assez frappant c’est que malgré toutes les obligations légales des entreprises, les initiatives prises et les actions mises en place notamment dans le cadre des Risques Psycho Sociaux (RPS), par les équipes QHSE et les CSE, la bonne connaissance du stress, et de soi face au stress est encore et toujours un axe à développer pour chaque collaborateur, manager, dirigeant !
En effet, pris individuellement, chaque individu n’a pas forcément une idée très claire de
- Ce qu’est le stress, son fonctionnement notamment sur le registre physiologique
- Ce qui lui le stresse, quels sont les situations, les comportements qui le stressent, ses facteurs générateurs de stress, et nous sommes tous différents sur ce point
- Encore plus important, quelles stratégies mettre en place pour mieux gérer ses réactions face au stress : oui il est possible de jouer sur la réponse qu’on donne à ce qui nous stresse (même si on ne peut pas modifier ce qui nous stresse)
Il est donc fondamental de continuer d’accompagner les Femmes et les Hommes dans les entreprises, dans ce qu’elles et ils vivent au quotidien, par des ateliers d’échange et d’apports théoriques sur ce thème du stress et surtout sur « où j’en suis, moi, par rapport au stress ? Comment je le vis au quotidien ? Et quelles sont les solutions que je peux mettre en œuvre ? ».
Nous allons dans cet article vous donner quelques éclairages, et répondre à un certain nombre de questions que vous vous posez peut-être et pour lesquelles vous n’avez pas toutes les réponses.
Qu’est-ce que le stress ?
Avant toute chose, il convient de définir le stress ?
Le stress est une réponse physiologique normale à une situation anormale ; il fait partie intégrante de notre existence. Il permet à notre organisme de s’adapter aux multiples événements positifs ou négatifs que nous vivons, comme une naissance, un mariage, la perte d’un emploi …
Le stress est un terme polysémique qui peut désigner une cause, un état, un processus.
Le travail et la pandémie du COVID 19 peuvent eux-mêmes être la cause du stress. On parle alors d’agent stresseur ou de job strain (douleur).
Un état de stress se caractérise, chez l’être humain, par un déséquilibre entre sa perception des contraintes imposées par l’environnement et celle relative à ses ressources pour y faire face.
D’un point de vue biologique, le stress est un processus caractérisant la réponse de l’organisme pour faire face à une situation susceptible de porter atteinte à son intégrité.
Le stress apparaît et disparaît de lui-même, selon que l’on est en présence ou non de facteurs de stress. Par exemple, si vous êtes stressé au travail, mais que ce stress s’atténue le soir ou à la fin de semaine, on peut penser que des facteurs de stress sont reliés à votre travail.
Quelles sont les sources de stress ?
Les sources du stress sont de deux types : les sources externes (exogènes), et internes (endogènes), voyons cela en détail.
Stresseurs externes :
Les stresseurs externes sont souvent hors de notre contrôle, on ne peut pas les changer.
- Une situation, un événement qui vient changer notre vie. Ça peut être aussi bien un événement positif ou négatif. Exemples : un changement tel un déménagement, un nouvel emploi ;
- Devoir affronter quelque chose qui nous rend anxieux, nerveux ou triste. Exemples : dentiste, entretien avec un patron;
- Les pertes : d’emploi, ruptures amoureuses, deuils, stress financiers ;
- Un stress peut être limité dans le temps ou chronique (maladie, enfants malades, problèmes financiers).
Dans le cadre du contexte spécifique du travail. On peut les classer en 5 grandes catégories :
- Facteurs liés à l’environnement physique et technique
- Facteurs liés à l’environnement socio-économique de l’entreprise
- Facteurs liés à la tâche ou au contenu même du travail à effectuer
- Facteurs liés à l’organisation du travail
- Facteurs liés aux relations de travail
Comme évoqué précédemment, nous ne sommes pas égaux face au stress. En effet, d’un point de vue psychologique, la perception et la gestion par l’individu de la situation stressante est essentielle.
Stresseurs internes
Contrairement aux externes,on peut changer les stresseurs internes en faisant un travail sur soi.
- Se mettre de la pression soi-même, être très exigeant envers soi, être perfectionniste, jamais satisfait de ce qu’on fait ;
- Ne pas prendre soin de ses besoins, mettre toujours les autres en priorité, ne pas s’affirmer (ne jamais dire « non » aux demandes).
Comment le stress agit-il sur nous ?
Le stress agit avant tout sur notre cerveau.
Face aux stimuli, notre organisme doit réagir et de nombreuses structures cérébrales contribuent à mobiliser les fonctions organiques pour provoquer un comportement propice à la sauvegarde. Les stimuli atteignent principalement les aires du cerveau impliquées dans les émotions.
Les représentations des stimuli parviennent d’abord à l’amygdale puis à l’hippocampe et dans le cortex préfrontal :
- L’amygdale, partie de notre cerveau proche de l’hippocampe, est indispensable à notre capacité à ressentir et à percevoir les émotions. L’amygdale est une structure cérébrale complexe composée de petites régions dont le noyau latéral, voie d’entrée de l’information, et le noyau central d’où partent les commandes pour les réactions. Ces noyaux représentent le cœur de notre système d’alarme. L’amygdale a donc un rôle d’activation de la réaction. Elle joue aussi un rôle important dans la reconnaissance de nos émotions.
- L’hippocampe participe à la régulation de l’humeur, l’acquisition des connaissances et plus globalement à l’adaptation à l’environnement.
- Le cortex préfrontal, structure cérébrale située dernière le front, est le centre de la prise de décision, la clé de voute de notre sang-froid.
Bien entendu, toutes ces zones réagissent aux stimuli au niveau biologique en libérant des neurotransmetteurs et des hormones.
On parle souvent de stress positif et de stress négatif. Personnellement, je préfère parler de stress aigu ou chronique, L’impact psychologique du stress est dépendant de la durée du stress :
- Le stress aigu est mobilisateur : l’attention est focalisée sur l’agent stressant, les sens sont en alerte, les hormones sont produites et la situation est plus ou moins vite gérée.
- Le stress chronique est affaiblissant : il découle d’une exposition prolongée et répétée avec l’agent stressant et donc un mode « alerte » activé en continu. Les hormones sont sécrétées sans interruption, sans repos du corps et peut donc mener à l’épuisement de l’organisme.
Comment savoir si je suis stressé(e), si tu es stressé, si nous sommes stressés ?
Les réactions de stress, peuvent se manifester de plusieurs manières chez une personne, et ce, sur divers plans : physique (difficulté de sommeil, sensation de fatigue), psychologique/émotionnel (inquiétude et insécurité face au virus, sentiment d’impuissance, vison négative des choses, tristesse,…) comportemental (agressivité, replis sur soi, difficulté à prendre des décisions,…)
Ces différentes réactions au stress vont avoir une incidence sur l’organisme, en effet, l’exposition prolongée ou répétée à l’agent stressant épuise les capacités énergétiques de l’organisme, le taux de glucose dans le sang est au plus bas, les cellules ne sont plus nourries : l’état d’épuisement est atteint. L’état d’épuisement devient un terrain propice au développement des maladies. Les cellules sont fragilisées et le système neuro-hormonal est déréglé, le cholestérol sanguin n’est plus régulé, etc.
Qu’est-ce qui se passe dans notre cerveau ?
De nombreux travaux de neurosciences montrent qu’une exposition à un stress chronique affecte notre cerveau. Ces travaux ont démontré que le stress est un indicateur de dysfonctionnement cérébral, en effet, face à un stimuli menaçant deux systèmes sont en compétitions : le système automatique et le système adaptatif
Le stress correspond à toutes les situations qui nous éloignent de notre point d’équilibre c’est-à-dire à l’homéostasie physiologique et psychologique.
Le stress cible spécifiquement les aires du cerveau impliquées dans la coordination de la cognition et des émotions : l’hippocampe, le cortex préfrontal et l’amygdale.
Les neurosciences ont démontré que le stress est donc un indicateur de dysfonctionnement cérébral, en effet, face à un stimuli menaçant, deux systèmes sont en compétitions : le système automatique et le système adaptatif
Le mode automatique est le système qui nous permet de faire face à 90 % des situations, nous sommes en maîtrise, cela est peut générateur d’énergie et nous permet donc d’être efficace.
Mais face à une situation nouvelle/complexe (typiquement ce que nous vivons avec la pandémie du coronavirus) ce mode automatique va être générateur de stress, parce qu’il va utiliser les apprentissages, la mémoire, les émotions qui ne seront pas adaptés à cette situation complexe et c’est cela qui va générer du stress.
Il faut donc s’obliger à passer en mode adaptatif (nous verrons plus loin, comment faire) pour apprendre à raisonner différemment, ré-évaluer la situation, faire preuve de curiosité, de créativité, de souplesse de nuance, …et ainsi reprendre une certaine maîtrise de la situation.
Comment gérer le stress ?
Comme nous l’avons vu précédemment nos émotions ont un rôle essentiel dans la gestion du stress.
D’autant que nos émotions sont contagieuses. Connaissez-vous le virus le plus contagieux sur Terre ? Ce n’est pas celui de la grippe ou du COVID 19, c’est celui de l’émotion. Et nous l’avons tous déjà attrapé !
La contagion émotionnelle, c’est un transfert d’émotions, qu’elles soient bénéfiques ou toxiques, d’un individu à un autre. Ce transfert se fait extrêmement rapidement. Si deux personnes commencent à discuter, il leur faudra simplement 21 millièmes de seconde pour que leurs corps et leurs émotions se synchronisent (on parle des neurones miroirs). Donc le transfert des émotions, c’est plus rapide que n’importe quel virus. On est tous à un moment soit transmetteur, soit récepteur. Le tout est de savoir : est-ce qu’on est plutôt pourvoyeur d’émotions bénéfiques ou toxiques pour notre entourage ?
Pour accompagner les entreprises et les Hommes et Femmes qui la composent nous proposons des ateliers permettant à chacun de reprendre la maîtrise de la situation.
Et en attendant de vous rencontrer pour faire ce bout de chemin ensemble, vous DEVEZ Prendre soin de vous !
- Demeurez attentif à vos sentiments, émotions et réactions, et donnez-vous la permission de les exprimer à une personne de confiance ou de les exprimer par le moyen de l’écriture, de l’activité physique ou autre ;
- Pratiquez une activité physique qui vous permet d’évacuer votre stress et d’éliminer vos tensions ;
- Adoptez de saines habitudes de vie telles qu’une bonne alimentation et des heures de sommeil suffisantes ;
- Limitez les facteurs qui vous causent du stress.
- Accordez-vous de petits plaisirs (par exemple, écouter de la musique, prendre un bain chaud, lire, écrire, etc.) ;
- Restez en contact avec les gens qui vous font du bien ;
- Rappelez-vous les stratégies gagnantes que vous avez déjà utilisées par le passé pour traverser une période difficile ;
- Misez sur vos forces personnelles ;
- Posez vos limites (par exemple refusez une tâche que vous ne voulez pas faire et qui n’est pas essentielle) ;
Comment renforcer sa résilience en période d’incertitude ?
Nous vivons dans un monde complexe qui change constamment. Naturellement, cela peut entraîner chez vous de l’incertitude ou de la crainte par rapport au présent et au futur. La bonne nouvelle, c’est que la résilience, cette capacité de s’épanouir en périodes de changement et d’incertitude, peut s’apprendre, et vous pouvez commencer à renforcer votre résilience dès aujourd’hui. Suivez les conseils ci-dessous pour adopter un état d’esprit plus souple et résilient.
- Acceptez ce qu’il vous est impossible de maîtriser. Ne voir que les éléments sur lesquels vous n’exercez aucun contrôle ne pourra que vous frustrer et vous épuiser. Il existe des circonstances et des décisions contre lesquelles vous ne pouvez rien. Lâchez prise. Vous pourrez ainsi centrer vos énergies sur ce que vous pouvez contrôler ou influencer. N’oubliez pas que si vous ne pouvez modifier la réalité, vous pouvez changer votre façon d’y réagir.
- Soyez ouvert au changement. Il y aura toujours des changements. Au lieu de vous concentrer sur les aspects perturbants, adoptez une approche souple et acceptez que le changement soit une part essentielle de la vie qui peut également apporter son lot de possibilités et d’issues favorables. Comme le disait Carl Jung, « Tout ce à quoi l’on résiste persiste ».
- Ne perdez pas de vue la situation dans son ensemble. Il est facile de s’empêtrer tellement dans les détails d’un événement qu’il finit par perdre toute proportion. Évitez de le transformer en catastrophe et concentrez-vous sur son incidence réelle (ou plus réaliste). En l’envisageant sous une perspective élargie, vous pourrez en évaluer correctement la signification.
- Cultivez une attitude positive. Être résilient ne signifie pas que vous deviez considérer chaque situation négative d’un œil positif. Cela signifie plutôt que même si quelque chose va mal, vous savez que vous pouvez vous en sortir et que vous prendrez les moyens pour y arriver, afin d’aller de l’avant par la suite
- Créez des liens. Pour essuyer les tempêtes de la vie, il est essentiel d’avoir dans votre entourage des personnes à qui vous pouvez exprimer vos sentiments, parler de vos problèmes et faire appel pour obtenir des conseils. Il est aussi important de demander de l’aide quand vous êtes dépassé par une situation
Quand faut-il demander de l’aide ?
- De façon générale, il est possible de surmonter les réactions de stress, d’anxiété et de déprime. Cependant, si vous n’y arrivez pas par vous-même, il se peut qu’après un certain temps (semaines ou mois), les malaises persistent et s’aggravent. Les signes qui suivent peuvent être un indicateur que votre état s’aggrave.
- La présence de plusieurs de ces signes peut démontrer que vos ressources personnelles ne vous permettent plus de gérer vos inquiétudes au quotidien. Il pourrait alors être bénéfique pour vous d’aller chercher de l’aide.
Le stress ne s’arrêtera pas après la fin du confinement. En effet, des études permettent de lister un certain nombre de facteurs de stress qui continuent à faire leur œuvre une fois la situation revenue à la « normale » :
- Les conséquences économiques de la perte de revenus à l’origine d’une détresse socio-économique, qui sont cause de colère et d’anxiété pendant les mois qui suivent le confinement ;
- La détresse socio-économique globale ;
- La perte des relations commerciales ;
- La fragilisation élevée des travailleurs indépendants ;
- La précarisation encore plus importante des personnes les plus fragiles au niveau économique et travaillant dans les métiers ne pouvant s’effectuer par télétravail ;
- Les difficultés à reprendre le travail ;
- La tension dans les couples liée aux types d’activités professionnelles plus ou moins à risque de chacun des partenaires ;
- La stigmatisation à l’égard des personnes représentant un danger de propagation ou issues d’une région surexposée.
Nous avons abordé dans un précédent article les contextes de redémarrage que vont vivre les entreprises, suite à cette période de confinement, et l’approche que préconise PROEVOLUTION dans la gestion du stress des salariés.
Mais retenons une chose, le Stress est un facteur qui affecte notre santé, mais il n’est pas immuable, nous pouvons le combattre en mettant en place des solutions, pratico-pratiques, quotidiennes et comme évoqué précédemment en, prenant soin de nous ! C’est à la fois ce que nous apprend la gestion du stress en entreprise et probablement la leçon que nous allons tirer de la gestion de cette crise du COVID-19 !