Avouez-le, vous avez déjà consulté vos mails pros au cours d’une soirée entre amis. Ou bien jeté un œil à votre boîte mails durant le week-end ou les vacances. Forcément, avec la digitalisation, en un clin d’œil il est facile d’accéder à ses outils de travail, même en dehors des horaires habituels et loin du bureau. Seriez-vous victimes de l’hyper-connexion liée au travail ?
Alors que dans une société où l’équilibre vie professionnelle/vie privée est devenu un indispensable pour la plupart, cette frontière s’atténue dangereusement pour d’autres. Peur de manquer une info importante, envie de rester disponible, de se sentir légitime…. Il est facile de se retrouver hyper-connecté. Mais cela n’est pas sans risque. Stress, agressivité, épuisement… les salariés s’exposent à des sur-sollicitations.
L’hyper-connexion liée au travail, ses risques, les bonnes pratiques à adopter, on fait le tour dans cet article.
L’hyper-connexion liée au travail, c’est quoi ?
Dans un contexte professionnel, l’hyper-connexion se caractérise par le fait d’être sollicité en dehors de ses heures de travail. Les sources d’informations sont si nombreuses (mails, messagerie pro, SMS, réseaux sociaux…) que beaucoup de professionnels sont aujourd’hui touchés.
De plus, nous recevons trop d’informations de manière globale. Appelé « infobésité », ce trop-plein d’infos est nocif. En effet, cela impacte notre capacité à prioriser et à prendre des décisions.
De ce fait, cela entraîne également une diminution de la mémorisation, mais aussi de la concentration. En y ajoutant les oublis et les impacts sur notre capacité d’analyse, vous voyez d’ici les conséquences sur la gestion du travail au quotidien…
Et pourtant, aujourd’hui, on minimise les risques de l’hyper-connexion.. D’abord, parce qu’être hyperconnecté dénote un côté dynamique, jeune et sociable. Mais aussi car pour certains, c’est une manière de se sentir légitime dans son travail et de ne manquer aucune information, événement ou projet.
Cependant, le fait de vérifier sans cesse ses notifications, mails, SMS, n’est pas anodin pour la santé et peut avoir d’importantes répercussions.
L’hyper-connexion au travail amplifiée avec la crise sanitaire
Si avant vous alliez sur votre lieu de travail tous les jours, en fonction de votre métier, la situation a sans doute changé depuis le premier confinement. Car cet événement a propulsé ¼ de la population active en situation de télétravail à 100%.
Alors bien sûr, il y a de nombreux avantages à ce mode de travail, mais il a grandement amplifié l’hyper-connexion. Bien qu’il concerne davantage les cadres, nombreux sont ceux qui peinent à couper lorsqu’ils travaillent à leur domicile. Pause de midi raccourcie voire inexistante, travail tardif ou entamé plus tôt qu’à l’accoutumée… Les salariés travailleraient environ 49 minutes supplémentaires par jour en moyenne lorsqu’ils sont en télétravail (source Insee). Car dans ce contexte, le mur entre travail et domicile se fissure dangereusement. Et les conséquences sont aussi bien sociales et familiales, que médicales.
Les répercussion sur la vie personnelle
Les caractéristiques de l’hyper-connexion sont qu’elle amène les salariés à travailler en dehors des heures habituelles de bureau : soir, week-end, vacances. Forcément, cela a un impact sur nos vies sociales et familiales. Car ce temps devrait être consacré à nos proches et à nos loisirs. Et en se privant de ces temps de repos, essentiels pour se ressourcer, l’hyper-connexion porte préjudice à l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Car les hyperconnectés prennent ainsi distance avec leurs proches. Pourtant, que ceux-ci représentent justement une source essentielle de coupure avec le monde professionnel. De plus, l’entourage est susceptible de mal vivre le manque de disponibilité de la personne hyperconnectée.
Les impacts sur la santé de l’hyper-connexion liée au travail
La surcharge mentale liée à l’hyper-connexion ferait perdre jusqu’à 28% de la productivité des collaborateurs. (Source : Agence nationale française pour l’amélioration des conditions de travail).
Couplée à la diminution de la qualité de vie au travail et à la perte de créativité, les salariés sont ainsi plus enclins à développer des troubles psychosociaux. Les conséquences principales en sont le stress, la perte de concentration et l’épuisement mental.
On distingue trois types de symptômes liés à ces troubles : physiques, intellectuels et émotionnels.
Physiques
- Fatigue visuelle : maux de tête, picotements provoqués par une exposition prolongée aux écrans
- Dégradation de la qualité du sommeil : difficulté à s’endormir, réveils réguliers, diminution du temps de sommeil. L’exposition aux écrans avant de dormir nuit à la libération de mélatonine, l’hormone qui aide à s’endormir.
- Troubles alimentaires : difficultés à digérer, comportements compulsifs, repas déséquilibrés, industriels, trop gras, trop sucrés, pris trop rapidement. Tout ceci a pour conséquence un fort risque d’obésité.
- Sédentarité : un manque d’activité physique accroît les risques d’obésité, à l’inverse, sa pratique permet de prévenir de nombreuses maladies
- Maladies cardiovasculaires
Intellectuels
- Baisse de la concentration et de l’attention
- Diminution de la performance, oublis, erreurs
Émotionnels
- Stress
- Humeur changeante
- Fatigue mentale
- Baisse de la motivation, de l’estime de soi
- Isolement
L’hyper-connexion peut même mener jusqu’à une dépression, voire un burn-out.
Dans les cas encore plus graves, le risque d’AVC augmente de 29 % pour les personnes travaillant plus de dix heures par jour, au moins 50 jours par an, selon une étude de l’American Heart Association.
Cela est dû notamment au fait que la surcharge de travail donne lieu à des changements de comportement : moins de sport, alimentation moins équilibrée, beaucoup de boissons excitantes, fumer davantage…
Des troubles qui influent donc sur le travail par une baisse de productivité.
Que faire pour limiter l’hyper-connexion liée au travail ?
En télétravail
- On travaille dans une pièce dédiée au télétravail, si on en a la possibilité
- On fait une vraie pause déjeuner équilibrée, dans une autre pièce que celle dans laquelle on travaille
- On prend aussi le temps de faire des pauses dans la journée : on se lève de son bureau pour prendre une boisson, on sort quelques minutes prendre l’air…
- A l’issue de la journée, on range ses affaires de bureau et on éteint son ordinateur afin de ne pas être tenté de se connecter
Sur son lieu de travail
- On partage son agenda avec les autres salariés afin de limiter les sollicitations physiques ou par messages
- On désactive les alertes mails et on consacre des tranches horaires précises pour la gestion des mails
- On prend le temps de prioriser les tâches et on ne les traite pas en même temps
- On fait des pauses durant la journée : on sort de son bureau, on échange avec des collègues, on prend un café
- On prendre une pause déjeuner sans écran : promenade à l’extérieur, sport, livre…
Rééquilibrer vie privée / vie professionnelle
L’idée est de faire comme une « digital détox » pour permettre de vraies coupures et de profiter de son temps libre. Quelques exemples :
- Si on reçoit ses mails professionnels sur son téléphone perso, on désactive les notifications (voire on coupe le téléphone) à la fin de la journée de travail. Idem pour les outils/applications professionnels
- On laisse son ordinateur professionnel sur son lieu de travail, ainsi, pas de tentation de l’allumer une fois à la maison
- On pratique une activité sportive ou créative après la journée de travail pour créer une coupure et se faire du bien
- Pour une coupure totale de toute connexion : on instaure des moments sans téléphone. Que ce soit pendant les repas, certains moments de partage, ou après un certain horaire.
Des bonnes pratiques déjà en place dans certaines entreprises
La QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) est une préoccupation majeure au sein des entreprises. De même, elle est un atout considérable pour celles qui mettent en place des actions pour pérenniser les talents en leur sein, et même en attirer de nouveaux.
Afin d’instaurer une logique de mieux-être, certaines entreprises ont mis en place une coupure de messagerie pour certains cadres en amont de soirée. Ainsi, ceux-ci ne sont pas dérangés sur le temps privé.
D’autres structures, comme Nestlé, Sodexo ou Orange, organisent de temps en temps des journées sans e-mail.
Ces engagements, en plus de jouer en faveur de leur marque employeur, inscrivent ces entreprises dans une politique de Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE).
Si votre entreprise n’a pas encore mis en place d’actions en ce sens, sachez qu’en tant que salarié, la législation vous autorise un droit à la déconnexion, inscrit dans le code du travail. Et si malgré tout vous ne pouvez vous empêcher de consulter vos écrans, gardez à l’esprit qu’il est urgent de prendre son temps. L’hyper-connexion est certes un accès non-stop à ses outils de bureau, mais c’est aussi la conséquence d’un surplus de sollicitations. Alors pour la limiter au maximum, prenez le temps, priorisez au maximum. Gardez à l’esprit qu’être multitâche n’est pas nécessairement un signe d’efficacité.
Et pour finir, un petit exercice pratique. Vous nous lisez sur un écran ? L’article est terminé, hop on se déconnecte !