L’année 2020 s’achève bientôt, sous le signe de la crise qu’elle aura apporté, et notamment sur le marché de l’emploi et du recrutement. En effet l’APEC vient de sortir une étude dont les chiffres soulignent à quel point le marché du travail a été impacté par la crise sanitaire. Cette étude se concentre bien sûr sur le marché des cadres, qui est l’objet de cet organisme (et aussi de PROEVOLUTION, qui se spécialise dans le recrutement de cadres). Afin de revenir sur cette étude, nous la remontons et l’analysons pour vous dans cet article.
Prévisions de recrutement 2020, une progression attendue
Souvenez-vous fin 2019 ! A l’époque, l’APEC faisait état de la croissance successive de 10% des recrutements de cadres par année.
Déjà à l’époque, cet organisme évoquait une chute de la croissance à 5%. Mais cependant, personne n’avait envisagé la crise sanitaire et son impact !
Chiffres 2020 : une chute historique des recrutements de cadres
L’APEC présentait récemment ses dernières études et chiffres sur le recrutement de cadres. Les recrutements ont été globalement en hausse ces dernières années. Les exceptions étaient liées à des crises bien connues : la récession, l’éclatement de la bulle Internet et la crise des subprimes et des dettes souveraines. Hormis ces exceptions, le nombre d’offres d’emploi pour les cadres a toujours eu une nette croissance.
Mais bien sûr, la Covid est une crise également, et son impact est beaucoup plus puissant que les autres précitées.
Pour cause, la récession économique a impacté le PIB et les investissements. Puis de surcroît, c’est le marché de l’emploi qui a stagné. En effet, avec tant d’incertitude sur la suite, les entreprises, notamment TPE et PME, ont misé sur la prudence.
L’année n’est pas terminée, et le chiffre définitif n’est pas encore connu. Dans une hypothèse « optimiste », le volume de recrutement de cadres baissera de 29%. En revanche, ce chiffre pourrait monter jusqu’à 40% ! En d’autres termes, le recrutement aura vécu en une année une chute à hauteur des 5 années de récession.
Offres d’emploi 2020 : Chiffres mois par mois
Sans surprise, il y a eu un impact direct et immédiat des confinements sur les offres d’emploi.
Le premier confinement a vu se freiner et arrêter les offres, allant jusqu’à -62% en avril 2020 vs 2019. Bien que le déconfinement ait limité cette chute, aucun mois n’aura vu de meilleurs chiffres que son équivalent en 2019. Bien que cette estimation ne soit pas terminée, nous pouvons gager que le second confinement a encore approfondi cette chute.
Focus sur le marché du recrutement 2020 dans le Grand Est
Cette même étude compare les offres du Grand Est et de la France entière.
Cette courbe fait état de la similarité des chiffres. De plus, elle permet d’illustrer que les offres se sont concentrées plus que jamais dans les grandes métropoles.
Plus globalement, on constate au niveau national qu’il n’y a pas eu d’exception à la crise. Au contraire, nous pourrons en conclure que le Grand Est est encore la région la moins impactée du pays.
Les recrutements 2020 par secteur
Une fois encore, les chiffres appuient les craintes. C’est le domaine de l’industrie qui est le plus touché par la crise des recrutements avec -40% d’offres.
Le détail indique même que ce sont les industries autour du transport (automobile et aéronautique principalement) qui sont les plus touchées, avec une diminution de plus de la moitié !
A l’inverse, les secteurs moteurs de l’emploi cadre sont ceux dans le service à valeur ajoutée. Il s’agit notamment de l’informatique, la R&D, le conseil, la communication et les activités juridiques et comptables.
LES RECRUTEMENTS 2020 PAR fonction
Focus à présent sur les fonctions ! Tout d’abord, il n’y a aucun gagnant. Même les métiers de la santé et du social ont publié moins d’offres cette année que l’année dernière.
Même les secteurs porteurs sont impactés ! En effet, les métiers de l’informatiques, les responsables commerciaux / marketing et la R&D accusent une chute de plus d’un tiers.
La jeunesse impactée par les chutes de recrutement
Le gouvernement l’a souligné, il est difficile d’être jeune en 2020 ! Non seulement pour vivre sa jeunesse, mais aussi pour trouver un emploi ! En effet, les offres d’emploi ouvertes aux débutants et jeunes diplômés ont été encore plus impactées que les autres.
Quelles prévisions pour le marché du travail au 4ème trimestre 2020 ?
Les intentions de recrutement par secteur
La « reprise » se fait lentement. Cependant, ces services à valeur ajoutée que nous décrivions précédemment, avec l’informatique notamment, prévoient de nouvelles embauches encore cette année.
Le chiffre intéressant ici est la création de nouveaux postes de cadres. En effet, la crise, et la digitalisation nécessaire, ont fait l’émergence de besoins de nouveaux postes.
LES INTENTIONS DE RECRUTEMENT PAR Niveau d’expérience
Petite lueur d’espoir pour les jeunes avec peu d’expérience, près d’un tiers des profils recherchés ce dernier trimestre concernant les profils avec 1 à 5 ans d’expérience.
En revanche, pour les personnes très (trop) expérimentées, seulement 12% vont leur apporter de l’intérêt. En d’autres termes, les candidats les plus expérimentés vont avoir tendance à rester à leur poste.
Les cadres inquiets
La crise est anxiogène pour le monde du travail, particulièrement chez les cadres. Les petites structures, souvent plus fragiles économiquement, font l’objet d’une forte inquiétude, car des licenciements pourraient y avoir lieu.
Ce contexte va pousser les candidats à eux aussi être prudents. Difficile de risquer de changer de poste et de ne pas passer sa période d’essai dans la nouvelle société, alors que le marché pourrait ne plus s’intéresser à nous ! C’est particulièrement vrai pour les profils seniors, comme souligné deux infographies plus haut.
Les impacts du covid sur le processus de recrutement
Malgré toutes les mauvaises nouvelles et les chiffres constatés, cette crise aura aussi donné des enseignements pour les recruteurs.
L’accélération de la digitalisation
Poussés au télétravail, les recruteurs ont du comme tout le monde accélérer leur digitalisation.
Dans leur fonction, cela se traduit par :
- Des entretiens à distance, en visio-conférence
- L’utilisation de CVthèques ou autres moteurs de recherche candidats
- La mise en place d’éventuels virtuel (job dating, salon en ligne)
- Un travail plus intense sur la marque employeur et l’e-réputation
- L’utilisation d’outil web pour les tests et l’onboarding
Un sourcing multi-canal
Les comportements des candidats évoluent et se distinguent de l’un à l’autre. La montée de la digitalisation s’est aussi traduite par des comportements différents. Ainsi, le recruteur va devoir varier ses sources de candidats.
L’offre d’emploi reste en tête, mais celle-ci intègre de plus en plus de sites avec des cibles et approches différentes.
La mobilité interne
D’un côté, les employeurs ne veulent pas prendre le risque de recruter, et licencier est un coût (en plus d’être très difficile humainement à gérer). De l’autre, les candidats ne veulent pas prendre le risque de changer, mais ne sont pas pour autant forcément épanouis dans leur fonction actuelle.
Du coup, faire évoluer une personne en interne est plus que jamais une bonne opportunité de concilier l’ensemble ! Ce sera un gain en motivation pour la personne, dont vous connaissez déjà le comportement et les qualités dans l’entreprise.
La marque employeur
On en parle de plus en plus chaque année, mais en période de crise, la marque employeur a un enjeu renforcé ! En effet, le confinement a amené les salariés à la question du sens. De même, la Qualité de Vie au Travail est recherchée, comme pour compenser le côté anxiogène de la crise.
Faire confiance, accepter plus de télétravail qu’avant la crise, être transparent, constituent les enjeux du recrutement pour la marque employeur !
L’importance des soft skills
Finis les plans et projections à 5, 10 ans ! Quand un virus peut mettre à plat l’économie mondiale en quelques mois, ce ne sont pas les hard skills de vos collaborateurs qui vous sauveront, mais bien leur capacité d’adaptation. C’était déjà vrai avant la crise avec la montée de la digitalisation, aujourd’hui ça a été prouvé ! Analyser plutôt les soft skills et le savoir-être de vos équipes et futures recrues, c’est ainsi que vous saurez vous réinventer et rebondir sur les prochaines difficultés !
Crédits étude APEC
Source de l’étude et chiffres repris dans cet article : APEC, lors d’un webinar pour l’ANDRH.